Page:Radcliffe - L’Italien (trad. Fournier), 1864.djvu/252

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la nuit commençait à se répandre dans l’église, éclairée seulement par quelques cierges de la chapelle Saint-Antoine. Les gémissements cessaient quelquefois, puis reprenaient avec plus de force, attestant une sorte de lutte entre le remords d’un crime et la honte de le confesser. J’essayai alors d’encourager le pénitent et de lui inspirer confiance dans la miséricorde divine ; longtemps mes efforts furent inutiles. Le péché semblait trop énorme pour pouvoir sortir de son sein et cependant le coupable avait peine à le retenir, tant ce fardeau pesait à sa conscience ! Il avait besoin de s’en soulager par la confession et l’absolution, fût-ce au prix de la pénitence la plus dure.

— Allez au fait, interrompit l’inquisiteur, ce ne sont là que des réflexions.

— Les faits viendront bientôt, dit le père Ansaldo en s’inclinant. Et quand je les dirai, mes révérends pères, vous en serez frappés d’horreur, comme je l’ai été moi-même, quoique pour des raisons différentes. Le pénitent commença enfin sa confession qu’il interrompit à plusieurs reprises. Une fois, entre autres, il quitta le confessionnal et se mit à marcher dans l’église à pas précipités, comme pour calmer son extrême agitation. C’est alors que je l’observai : il était vêtu en moine blanc, et sa taille était à peu près celle du religieux que vous appelez le père Schedoni et qui est là devant moi. Quant à son visage, je ne pus le voir ; il avait grand soin de me le dérober. Lorsqu’il revint s’agenouiller à mes pieds, il avait pris la résolution d’accomplir jusqu’au bout sa terrible