Page:Radcliffe - L’Italien (trad. Fournier), 1864.djvu/269

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sans hésiter déclara Schedoni, comte Ferando de Bruno, coupable de fratricide ; et, comme ce premier crime entraînait la peine de mort, on jugea inutile de poursuivre le procès pour l’assassinat de la comtesse.

L’émotion qu’avait laissé paraître Schedoni, pendant que le dernier témoin l’avait accusé, cessa tout à fait dès que son sort fut décidé. Il écouta la terrible sentence sans que ses traits témoignassent de la moindre altération et, à partir de ce moment, ni sa fermeté ni sa hauteur ne l’abandonnèrent.

Vivaldi, en le voyant condamné, semblait plus affecté que lui car, en cédant aux sommations du père Zampari, il avait contribué à la mort d’un homme.

Il se le reprochait bien malgré lui. Mais combien ce sentiment devint plus cruel encore lorsque, passant à ses côtés, Schedoni lui glissa, tout bas, ces quelques mots :

— Vous avez tué en moi le père d’Elena !

Ce n’est pas qu’en se dévoilant à Vivaldi, il espérât faire adoucir la sentence rendue ; mais il voulait ainsi se venger du jeune homme, premier auteur de sa condamnation.

Vivaldi crut d’abord que ce n’était là qu’un grossier mensonge et, oubliant toute réserve, il demanda hautement des explications ; mais le tribunal ne lui permit de s’entretenir avec le condamné qu’à la condition expresse que cet entretien serait public.

Aux questions répétées du jeune homme, Schedoni ne fit d’abord qu’une seule réponse : c’était qu’en effet Elena était bien sa fille ; et il eut la joie de voir les