Page:Radcliffe - L’Italien (trad. Fournier), 1864.djvu/27

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la même chambre où il avait un soir aperçu Elena, à travers ses jalousies ouvertes.

Agité d’une vive impatience ou d’un enthousiasme plein de charme, il promenait tour à tour ses regards sur le prie-Dieu, d’où il avait vu Elena se lever, et sur tous les objets dont elle s’était entourée ; il semblait qu’ils eussent emprunté quelque chose de la douce influence qui rayonnait autour d’elle. Les mains de Vivaldi tremblaient en touchant le luth qu’elle avait tenu ; il croyait encore entendre la douce voix de la jeune fille. Il remarqua aussi un dessin ébauché, une nymphe dansant, copiée des peintures d’Herculanum, modèle de grâce et de légèreté, et reconnut cette figure pour appartenir à une collection de dessins du même genre qui ornaient le cabinet de son père, et que le marquis avait seul le droit de faire copier, en vertu d’un privilège spécial du roi de Naples.

L’imagination de Vivaldi aidait ainsi à ses illusions, et peu à peu son trouble s’était tellement accru qu’il fut tenté de quitter la maison.

Enfin, la signora parut. Elle le reçut avec un air de réserve très marqué qui redoubla son embarras ; et quelques moments se passèrent avant qu’il pût exposer l’objet de sa visite. Elle écouta froidement et d’un visage sévère ses protestations de tendresse ; et, lorsqu’il la pressa d’intercéder pour lui auprès de sa nièce, elle lui répondit avec dignité :

— Je ne puis feindre d’ignorer la prévention trop naturelle de votre famille pour une alliance avec la mienne. Je sais quelle importance le marquis et la