Page:Radcliffe - L’Italien (trad. Fournier), 1864.djvu/48

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à chaque instant. À la fin, son regard, toujours fixé sur Elena, est devenu terne et vague ; elle ne paraissait plus distinguer les objets ; je vis bien qu’elle s’en allait. Sa main est resté inerte dans la mienne et le froid de la mort la saisit. En peu de minutes, elle s’est éteinte entre mes bras ; sans même avoir eu le temps de se confesser. À deux heures du matin.

Béatrice, ayant cessé de parler, se mit à pleurer et Vivaldi s’attendrit avec elle. Au bout de quelques instants, il recommença à interroger la vieille servante sur les symptômes de la maladie de sa maîtresse.

— Véritablement, monsieur, répondit-elle en baissant la voix, je ne sais que penser de cette mort. On se moquerait de moi, et personne ne voudrait me croire, si j’osais dire ce que je m’imagine.

— Parlez clairement, dit Vivaldi, et ne craignez rien.

— Eh bien, donc, monsieur, reprit-elle après quelque hésitation, je vous avouerai que je ne crois pas qu’elle soit morte de sa mort naturelle.

— Comment ? s’écria Vivaldi. Quelles raisons avez-vous de supposer ?…

— Ah ! monsieur, une fin si subite !… si terrible !… et puis, la couleur du visage !…

— Grand Dieu ! vous soupçonneriez que le poison…

— Ai-je dit cela ? répliqua Béatrice.

— Qui est venu ici en dernier lieu ? demanda Vivaldi en s’efforçant d’être calme.

— Hélas ! personne ; elle vivait si retirée…