Page:Radcliffe - L’Italien (trad. Fournier), 1864.djvu/54

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mort qu’ils portent sur leurs vêtements n’aurait sûrement pas échappé à vos observations. Il est donc probable que ce n’est pas un moine de ce couvent que vous aurez vu.

— Quoi qu’il en soit, répliqua Vivaldi, j’espère parvenir à le connaître mieux, et lui parler alors un langage qu’il ne pourra guère feindre de ne pas entendre.

— Vous ferez bien, jeune homme, si vous avez à vous plaindre de lui.

Vivaldi, à ces mots, crut avoir démasqué son ennemi. Comment, en effet, Schedoni pouvait-il deviner qu’il avait des sujets de plainte contre l’homme des ruines ?

— Vous remarquerez, mon révérend père, reprit-il, que je ne vous ai pas dit que j’eusse été insulté ; si donc vous êtes instruit de ce fait, c’est par d’autres moyens que par mes propres paroles.

— Si ce ne sont vos paroles, répliqua sèchement Schedoni, votre accent et vos regards s’expriment assez clairement, ce me semble. Tant de véhémence laisse supposer des motifs d’irritation, je ne sais lesquels, réels ou imaginaires.

— C’est ce que vous n’avez pas à juger, mon révérend, répartit Vivaldi avec une certaine hauteur. Les injures dont j’ai à me plaindre ne sont que trop réelles, et je crois connaître maintenant celui à qui j’ai le droit de les imputer. Le donneur d’avis funestes et le délateur qui s’introduit dans le sein d’une famille, pour en troubler le repos par de lâches calomnies, sont à mes yeux une seule et même personne.