Page:Radcliffe - L’Italien (trad. Fournier), 1864.djvu/56

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complaisance et un secret mépris. Il ne vit dans cette nature sincère, qui passait d’une extrémité à l’autre, que l’entraînement d’un jeune insensé, emporté au gré de ses passions. Le sourire satisfait qui erra sur ses lèvres était celui d’un homme désormais sûr de son ascendant. Le caractère de Vivaldi se montrait tout entier à ses yeux ; il en découvrait le fort et le faible. Certain maintenant de pouvoir tourner à volonté toutes les vertus du jeune homme contre celui-ci, il triomphait à l’idée de se venger de l’outrage qu’il avait reçu, tandis que Vivaldi, dans son ingénuité, se reprochait d’avoir faussement accusé un honnête homme. Telles étaient leurs dispositions mutuelles quand la marquise, en rentrant, surprit dans la contenance de son fils quelques symptômes de l’agitation qu’il éprouvait. Elle lui en demanda la cause ; mais Vivaldi, honteux de sa conduite envers le moine, ne put prendre sur lui d’en faire l’aveu à sa mère ; il balbutia une sorte d’excuse et sortit brusquement.

Schedoni, resté seul avec la marquise, se laissa arracher avec une feinte répugnance le récit de ce qui s’était passé ; mais il se garda bien d’atténuer l’insulte qu’il avait reçue ; il l’exagéra au contraire, en passant sous silence le repentir qui l’avait suivie ; puis il feignit de plaindre Vivaldi, en en rejetant la faute sur une violence naturelle dont le jeune homme n’était pas maître.

— Son âge, dit-il, doit lui servir d’excuse. Peut-être aussi est-il jaloux de l’amitié dont vous m’honorez ; sentiment bien pardonnable chez celui qui possède une mère telle que vous, madame.