Page:Radcliffe - L’Italien (trad. Fournier), 1864.djvu/87

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d’adoucir les souffrances des autres. Ah ! que ne puis-je vous exprimer combien je suis touchée des sentiments que vous me témoignez !

Des larmes l’interrompirent. Sœur Olivia lui pressa la main, la regarda quelque temps en silence avec une sorte d’agitation, puis lui dit avec un sourire mêlé de quelque gravité :

— Vous jugez bien de ce que j’éprouve, mon enfant. Je partage en effet vos peines, car vous étiez sans doute destinée à une vie plus heureuse que celle qui vous est réservée dans ce cloître.

Elle s’interrompit brusquement, comme si elle craignait d’en avoir trop dit. Puis elle reprit :

— Rassurez-vous cependant ; et si vous trouvez quelque consolation à savoir qu’il y a près de vous une amie, souvenez-vous que je suis cette amie. Mais gardez cela pour vous seule. Je viendrai vous voir aussi souvent que je le pourrai. Seulement, ne parlez pas de moi ; et si mes visites sont courtes, ne me pressez jamais de les prolonger.

— Que de bontés ! s’écria Elena. Vous viendrez me voir ! vous prenez intérêt à mes malheurs !

— Chut ! dit la religieuse. Je puis être observée. Bonne nuit, ma chère sœur, et que Dieu vous envoie un sommeil paisible.

Et elle quitta la chambre subitement.

Le cœur d’Elena, ferme et assuré contre les insultes de l’abbesse, s’amollit à ces témoignages d’une affection compatissante. De douces larmes lui apportèrent un peu de soulagement, et quelque espoir commença à renaître en son âme. Le lendemain matin, elle s’aperçut que la porte de sa cellule n’avait pas été