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LE BAL DU COMTE D’ORGEL

Anne d’Orgel respira. Ainsi Mahaut ne lui cachait rien, elle était innocente. Elle lui faisait l’aveu de ce qu’il avait vu, sans savoir qu’il l’avait vu.

Il jouissait de son soulagement, en silence. Ce silence inquiéta Mme d’Orgel. Son mari allait-il signifier à François de ne plus remettre les pieds chez eux ? N’avait-elle pas eu tort de parler ? Elle était prête à défendre le coupable, à lui trouver des excuses. Elle leva timidement les yeux vers Anne. Elle s’attendait à un visage de colère. Que signifiait cette joie ?

— Et… c’est la première fois ? demanda-t-il.

— Comment pouvez-vous en douter, et pourquoi aurais-je retardé de vous le dire ? Je ne m’attendais pas à de pareils soupçons, répondit-elle, offensée, non tant des doutes de son mari, que de la joie peinte sur son visage.

Ainsi, venait-elle de mentir sans même se rendre compte. Un simple

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