Page:Radiguet - Le Bal du comte d’Orgel, Grasset, 1924.djvu/174

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
LE BAL DU COMTE D’ORGEL

convenable à une personne de mon âge de vivre dans cette paresse, assise sous les arbres ? »

Elle n’ajoutait pas : « avec François ».

— Au fait, dit-elle à Anne, que faisons-nous à Paris ? Nous sommes ridicules, il n’y a plus personne.

Ce mot rappela François à la réalité. Mais comme il vivait dans le rêve, il crut entendre une malice.

Il est au-dessus de notre force de supporter les blessures de vanité. Elles nous tournent la tête. La vanité de François, plus que son cœur, fut piquée au vif. D’autre part cette vanité n’était pas assez vive pour qu’il admît ce qui était vrai : que ce « personne » l’exceptait, et qu’en le prononçant Mahaut confondait François avec elle-même. Il n’y voyait que dédain, cruauté.


Il se réveilla barbouillé de mélancolie. « Je ne peux lui en vouloir. Que suis-je pour elle ? Je devrais lui avoir une pro-

— 146 —