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LE BAL DU COMTE D’ORGEL

vous distraira ». Ce mot était humble. Elle se sentait impuissante à distraire.

L’album contenait les photographies de l’été, point encore mises en ordre. La plupart des visages étaient inconnus de François. « Qui est cette personne ? Elle est bien belle » demanda-t-il en voyant la Viennoise. « Mais qu’a-t-elle donc pour que lui aussi la trouve belle ? » pensa Mahaut.

Elle sentit de la jalousie. Elle crut que c’était parce que ce portrait lui réveillait des souvenirs désagréables, (car son système de mensonges inconscients venait de lui révéler soudain les raisons de son antipathie, et de lui dévoiler le manège de cette femme auprès d’Anne.) Elle se calma aussitôt, ce qui n’aurait point dû être.

L’album délivra François d’une moitié de son malaise. N’était-ce pas qu’Anne s’y trouvait partout au premier plan ?

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