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LE BAL DU COMTE D’ORGEL

secoué par la douleur. François arrivant en cet instant, elle était à lui. Rien n’aurait pu l’empêcher de tomber dans ses bras, pas même la présence de sa mère.


Mme de Séryeuse comprit tout. Effrayée, elle chercha vite à se reprendre.

— Je vous en conjure, s’écria Mahaut, ne m’arrachez pas ma seule joie, ce qui me fera supporter mon devoir. Je ne savais pas qu’il m’aimât. Heureusement mon sort ne m’appartient plus. Je vous demande donc encore davantage de me cacher François. S’il m’aime, inventez ce que vous voudrez, mais ne lui dites pas ce qui est vrai ; nous serions perdus.

À parler de son amour, et à la mère de celui qu’elle aimait, Mme d’Orgel se complaisait presque. Après ses premiers transports :

— Il doit venir, ce soir, à notre dîner, dit-elle d’une voix plus assurée. Com-

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