Page:Radiguet - Le Bal du comte d’Orgel, Grasset, 1924.djvu/229

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Pendant que sa femme, dans l’état qu’on devine, s’habillait, Anne, toujours prêt le premier, recevait une visite assez singulière : celle du prince Naroumof, que tout le monde croyait mort. Les journaux, prodigues de sang, avaient annoncé l’assassinat de ce prince, un des familiers du tzar Nicolas.

Le prince Naroumof débarquait à Paris comme si c’eût été la première fois. Il n’y connaissait plus personne. Il venait chez Anne parce que la semaine précédente, à Vienne, on lui avait parlé du séjour des Orgel. Les amis chez qui Naroumof habitait en Autriche étaient devenus presque aussi pauvres que lui. C’est d’eux qu’il tenait ce costume de chasse et ce chapeau, un peu risibles, avec lesquels il se présenta devant Anne.

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