Page:Radiguet - Le Bal du comte d’Orgel, Grasset, 1924.djvu/240

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
LE BAL DU COMTE D’ORGEL

Hortense d’Austerlitz était, comme on dit, « payée », ou, plus exactement, payait pour le savoir.

— Je fais partie d’une œuvre, reprit-elle, qui me met en contact avec le peuple. Hé bien ! je vous assure que si nous avons la révolution, elle ne viendra pas de lui.

Paul l’écoutait, éberlué, comme un oracle. Hortense d’Austerlitz se revêtait d’une autorité immense, depuis les acclamations de la porte d’Orléans. Il ne savait où donner de la tête. Ses préjugés se trouvaient détruits : Une Austerlitz qui exalte le peuple ! Un familier du Tsar qui ne jette pas l’anathème aux bolcheviks !

Le courage l’étonnait toujours, car à ses yeux le courage n’était que de l’imprudence. Et, pour montrer de l’imprudence il faut être sûr de soi. Ce Russe devait être un personnage pour oser ne pas condamner ses assassins.

Le comte d’Orgel n’avait aucun

— 212 —