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LE BAL DU COMTE D’ORGEL

— Je n’ai pas changé, dit le prince, mais j’ai tout perdu. J’ai tout perdu, répétait-il d’une voix douce. Que me reste-t-il ? Et il ajouta en riant très haut : il me reste le charme slave.

— Et le charme slave est venu à Paris pour tout oublier, dit Anne, avec la voix des compères de revue. Fêtons-le, mais ne l’ennuyons pas en l’entretenant du cauchemar bolchevik.

Ce mot atroce tombait d’autant mieux que Naroumof avait insensiblement conduit jusqu’à la fin du dîner. On se levait de table.

Anne annonçait d’un ton péremptoire un changement de spectacle, un autre tableau.

Et ce ne fut qu’en commençant à parler du bal costumé que tout ce monde prit des mines de conférence politique.


François trouvait lourd le rôle que le comte d’Orgel lui faisait jouer dans l’élaboration de cette fête. Anne, ne

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