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LE BAL DU COMTE D’ORGEL

la chose ne peut pas venir d’elle. » Il avait trop apprécié la comtesse, et son vieil orgueil ne voulait pas s’être mépris.

Ainsi, le seul qui la connût mal tombait juste. Les souffrances avaient affiné Naroumof ; et il était un Russe : deux raisons pour mieux comprendre les bizarreries du cœur. Lui seul était proche de la vérité. Il « brûla » : il devina que Mme d’Orgel avait une raison secrète : « Elle est trop fine pour n’avoir pas eu honte de son mari, se dit-il ; elle est venue prendre sa part de blâme. »

Où Naroumof se trompa, ce fut en y voyant un geste d’amour conjugal.

Ainsi, loin de l’exaspérer, ce geste poussa Naroumof à se dominer. À l’apparition d’Anne d’Orgel il avait été le seul à ne pas rire. Il fut maintenant seul à s’esclaffer.

— Bravo ! s’écria-t-il.

Cette volte-face stupéfia.

Anne, qui avait eu des doutes sur le

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