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LE BAL DU COMTE D’ORGEL

lui disait-on. Elle criait de plus belle. Il fallut bien qu’elle se rendît. Quelques années après, Mme Forbach, ayant appris la mort du médecin de Robinson, avoua que cette mort la soulageait. Seules les saintes avouent ces pensées-là.


Souvent, en face d’elle, François regrettait ses plaisirs. Mais ce matin, il était si joyeux de sa rencontre, il ressentait un tel besoin d’en parler, même de façon indirecte, qu’il raconta son équipée à Robinson. Il se dit aussitôt que si on l’interrogeait, il serait bien embarrassé pour dépeindre ce village. Mais Robinson éveillait en Mme Forbach une foule de souvenirs. Loin d’interroger, elle parla.

François de Séryeuse connaissait ces souvenirs. Chez les Forbach la conversation se réduisait à fort peu. C’était toujours la même. Mais elle reposait François des racontars de la ville. À force de les avoir entendus, ces souvenirs

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