Page:Radiguet - Le Bal du comte d’Orgel, Grasset, 1924.djvu/91

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

À peine assis le comte d’Orgel se lança dans un de ces monologues qu’il appelait une conversation. Essayant de « situer » son hôte, il introduisit dans ce monologue nombre de noms propres, pour permettre à François de marquer s’il les connaissait. Le résultat de cet interrogatoire détourné satisfit le comte d’Orgel. Il se rendit hommage. Il avait eu raison de se montrer aimable envers Séryeuse.

François, d’habitude, goûtait assez les bavards, non pour ce qu’ils disent, mais parce qu’ils permettent de se taire. Cette fois il s’irrita de ne pouvoir placer un mot, et de la façon, quoique flatteuse, dont Anne lui coupait la parole. Dès qu’il ouvrait la bouche, Anne s’exclamait, riait aux éclats, la tête renversée,

— 63 —