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Page:Raguey - Le Buste voilé, Roman complet no 19, 1916.djvu/25

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tête, et retombaient tressés en deux nattes épaisses jusque bien au-dessous de la ceinture. Sous son front intelligent, ses grands yeux bruns lançaient des éclairs de malice, et ne semblaient pourtant pas dépourvus de douceur. Elle avait un « nez à la Roxelane », et sa bouche s’entr’ouvrait aux plus délicieux sourires. L’ensemble de sa physionomie annonçait les riantes pensées, les gais propos, les audacieuses entreprises. Enfin on voyait que miss Palmer était une de ces natures qui se livrent tout entières au bonheur de vivre, et qui ont besoin d’épancher au dehors le trop-plein de leur âme.

Ils arrivaient tous deux de Paris, où ils avaient fait un séjour de quelques mois. Ils avaient la prétention de parler le français et l’italien, mais ils l’écorchaient de manière à faire pousser des cris de douleur à des Auvergnats et à des Lucquois. Cependant miss Margaret Palmer donnait à certains mots italiens des inflexions si inattendues et si bizarres qu’on ne pouvait s’empêcher d’en sourire, et d’y trouver parfois une saveur et un piquant qui n’étaient pas sans charmes.

Cette première visite ne dura pas longtemps ; mais elle suffit pour me donner la preuve que miss Margaret avait un esprit très cultivé et qu’elle possédait sur l’art en