Page:Raimond - Mémoire sur les causes des troubles et des désastres de la colonie de Saint-Domingue, 1793.djvu/14

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blancs, qui, par un usage introduit par la force du préjugé, se permettoient de frapper avec impunité les hommes de couleur, sans que la justice pût prendre connoissance de pareils différens, que pour punir de mort l’homme de couleur qui avoit osé se défendre contre le blanc qui l’avoit frappé [1]. Après avoir ainsi cajolé les hommes de couleur, le gouvernement voulut les enrégimenter tous, pour s’en faire une force capable de faire plier la colonie sous le despotisme qu’on lui préparoit. Pour réussir à capter les hommes de couleur, on leur faisoit envisager que leur formation en corps de troupes, seroit un moyen de sortir de l’oppression sous laquelle ils vivoient. On parvint par ce moyen à former plusieurs compagnies, mais, les agitations ayant cessé, et le gouvernement ayant trouvé le moyen de diviser les blancs dans l’établissement des milices, par les distinctions humiliantes qu’on mettoit entre ceux qui étoient officiers de milice et ceux qui ne l’étoient pas, et sur-tout en faisant vexer ceux-ci par les autres ; il renonça alors à son premier projet et les compagnies d’hommes de couleur furent réformées.

  1. Voyez à ce sujet ce que dit Dauberteuil. Considérations sur Saint-Domingue, tome II, discours III.