Page:Raimond - Mémoire sur les causes des troubles et des désastres de la colonie de Saint-Domingue, 1793.djvu/18

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leurs liaisons avec les colons députés à l’assemblée constituante, qui, quoique siégeant du côté gauche, n’en étoient pas moins des contre-révolutionnaires ; ceux-ci ne cessoient dans leur correspondance de donner des allarmes dans la colonie, annonçant aux Colons que la révolution attaqueroit leurs propriétés par l’affranchissement immédiat de leurs esclaves : d’un autre côté, ils faisoient tous leurs efforts pour effrayer l’assemblée constituante par la perte prochaine des colonies, ce qui entraîneroit, selon eux, la banqueroute et la ruine de la France avec la contre-révolution ; enfin, jamais intrigue ne fut plus profondément suivie pour tout brouiller et tout bouleverser dans les colonies, et jamais intrigue ne réussit plus complettement.

La guerre civile allumée à Saint-Domingue, l’assemblée coloniale formée à Saint-Marc, tous les esprits de la colonie dans une grande fermentation, par les défiances que les députés des colonies y avoient jettées, chaque individu raisonnoit sur tous les évènemens qui se passoient, selon qu’il étoit affecté ou qu’il étoit dirigé par des meneurs qui ne manquoient jamais de saisir les occasions qui leur étoient favorables. De ce choc d’opinions, d’intrigues, il se forma trois partis à Saint-Domingue : le parti du gouvernement,