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Page:Raimond - Mémoire sur les causes des troubles et des désastres de la colonie de Saint-Domingue, 1793.djvu/28

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offroit protection, sur-tout lorsqu’ils voyoient ce parti disposé à obéir au décret qui les régénéroit, et qu’ils voyoient au contraire dans les adversaires de ce parti, des hommes qui menaçoient de tout entreprendre plutôt que d’obéir à cette loi. Telle a été l’origine et les causes de la guerre civile qui s’alluma dans cette partie, et dont les suites se feront long-tems sentir.

Quelque désastreux que fut pour la colonie l’état de guerre où se trouvoient les habitans de cette partie, ce n’étoient pas encore là tous les malheurs que lui préparoient les ennemis de la révolution ; une crise plus funeste, et qui devoit ébranler la colonie jusque dans ses fondemens, fut provoquée et préparée par les Colons contre-révolutionnaires qui se trouvoient en France à l’époque du décret du 15 mai. Ces Colons, au nombre desquels étoient les marquis, comtes et barons députés des colonies à l’assemblée constituante, avoient sans cesse répété dans leurs discours, comme dans leurs écrits que si jamais on accordoit aux hommes de couleur les droits politiques, les esclaves se révolteroient ; il fallut donc les soulever pour prouver qu’ils avoient été prophètes, et on fut d’autant plus porté à faire exécuter ce projet, malgré toute son atrocité, qu’on ne voyoit que cette seule mesure pour prouver évidemment par