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Page:Raimond - Mémoire sur les causes des troubles et des désastres de la colonie de Saint-Domingue, 1793.djvu/34

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tous les esprits qui voudront réfléchir sur ces événemens, c’est que lorsqu’on eut appris au Cap, par l’arrivée des commissaires Mirbeck, Romme et Saint-Léger, qu’au décret du 15 mai avoit été substitué celui du 24 septembre ; alors, ni Blanchelande, ni l’assemblée coloniale ne voulurent ratifier les concordats qui avoient été passés de bonne foi dans deux circonstances différentes, entre les blancs et les hommes de couleur des parties de l’Ouest et du Sud. Ce manque de foi de la part des blancs, ralluma dans les deux parties la guerre civile, qui produisit d’autant plus de ravage que les esprits étoient plus exaspérés ; ces hommes de couleur qui ne voyoient dans la rupture de ces traités, qu’une mauvaise foi des blancs, sur la promesse desquels on ne pouvoit plus se fier à l’avenir ; d’un autre côté les intrigans et les partisans de Leopardius, qui avoient intérêt à tout brouiller, représentoient les hommes de couleur comme des tigres altérés du sang des blancs, et ayant formé le projet de les dominer et de les vexer à leur tour, comme ils l’avoient été par eux, encore qu’une méfiance

    savoit bien qu’elles étoient illusoires, puisqu’elle avoit la certitude que le décret du 15 mai seroit révoqué, d’après toutes les mesures qu’on avoit prises à ce sujet.