Page:Raimond - Mémoire sur les causes des troubles et des désastres de la colonie de Saint-Domingue, 1793.djvu/39

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combien doit-être foible le parti des vrais et sincères patriotes parmi les blancs et combien il est facile de les égarer par les méfiances, et sur-tout en faisant revivre leur haine contre les citoyens de couleur, en leur retraçant les scènes de sang qui ont eu lieu dans la guerre qu’ils se sont faite réciproquement.

Telle étoit la situation des choses et des esprits, lorsque les commissaires civils, Polverel, Sonthonax et Aillaud arrivèrent à Saint-Domingue. La loi du 4 avril les y avoit précédé, cette loi parut y être assez généralement adoptée par tous les partis, mais, non avec la même bonne foi. Les vrais patriotes, les amis de l’ordre ne virent dans cette loi, qu’un moyen sûr de rallier tous les individus libres de la colonie, pour résister et combattre les révoltés : il n’en fut pas de même des contre-révolutionnaires et des indépendans ; ces deux partis ne firent que le simulacre d’adhérer à la loi, et si Blanchelande, comme chef du gouvernement, la fit promulguer, c’est qu’il crut que l’assemblée coloniale, dominée par indépendans qui siégeoient dans son sein, se seroit opposée à son exécution, ce qui eut donné à son parti un grand avantage sur l’assemblée coloniale et les indépendans qui dans ce cas eussent parus les seuls coupables et récalcitrans à la volonté nationale. Mais,