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possèdent la moitié des terres et le tiers des hommes qui les cultivent ; ils ne partagent pas avec les colons blancs leur dette énorme.

À ces titres, les hommes de couleur devoient avoir des représentans à l’assemblée constituante, surtout parce qu’ils étoient ceux qui avoient le plus à se plaindre, non-seulement de l’arbitraire des agens du pouvoir, mais encore du despotisme le plus cruel que les colons blancs exerçoient sur eux.

Ce despotisme et les vexations qui en résultoient étoient si insupportables aux hommes de couleur, que bien long-temps avant l’époque de notre régénération, j’avois été chargé, par mes concitoyens de couleur, de venir réclamer auprès du ministre de la marine, pour mettre une fin à tant d’humiliations, d’injustices et de cruautés.

Les faits que je détaillois alors, et dont je donnois les preuves les plus authentiques, déterminèrent le ministre à demander aux administrateurs des colonies des moyens pour faire cesser le despotisme de la couleur, et pour réintégrer les hommes libres de couleur dans les droits que leur accordoit l’édit de 1685.

Les choses étoient en cet état lorsqu’en 1789 l’assemblée nationale se forma. Les colons blancs