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J’ai déjà observé que la politique des colons avoit toujours été de calomnier les hommes de couleur auprès de l’assemblée nationale, afin que sa justice ne s’étendît pas sur eux. Après les avoir dépeints comme des assassins ; après avoir cherché à persuader que c’étoit eux qui avoient incendié le Port-au-Prince ; enfin, après avoir épuisé tous les genres de calomnie, ils les accusent aujourd’hui d’avoir opéré à S.-Domingue la contre-révolution ; que déjà ils ont arboré la cocarde blanche ; qu’ils ont mis à leur tête des contre-révolutionnaires, et enfin, rétabli l’ancien régime.

Il manquoit aux colons blancs de se donner le ridicule d’une pareille calomnie, pour se faire connoître entièrement. Pourra-t-on jamais se persuader que des hommes qui vivoient sous le joug le plus despotique, sans cesse en butte à toutes sortes de vexations, continuellement victimes d’un préjugé si dégradant, qu’il les plaçoient entre l’homme et la brute ; pourra-t-on se persuader, dis-je, que ces hommes rejètent une constitution qui assure à tous leur existence, leurs propriétés et l’égalité des droits ? Non, sans doute, on ne peut croire à un pareil excès de démence.

Mais, me dira-t-on, les faits existent ; les