Page:Rambosson - Histoire des Météores, 1883.djvu/183

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qui dans les bois chantent sous la feuillée, et ces troupeaux qui reposent dans les riants pâturages leurs membres fatigués d’embonpoint, tandis que des ruisseaux d’un lait pur s’échappent de leurs mamelles gonflées ; enivrés de cette douce liqueur, les tendres agneaux s’égayent sur le gazon et essayent entre eux mille jeux folâtres. Les corps ne sont donc pas anéantis en disparaissant à nos yeux : la nature, de leurs débris, forme de nouveaux êtres, et ce n’est que par la mort des uns qu’elle accorde la vie aux autres[1]. »

On désigne sous le nom de grains des pluies de courte durée, accompagnées ordinairement de bourrasques d’autant plus dangereuses pour la navigation qu’elles surprennent les navires au milieu du calme ou de faibles brises (fig. 39).

VI.

Les historiens anciens rapportent que des pluies de sang sont venues quelquefois porter chez tout un peuple l’épouvante et la consternation. Ces pluies n’ont point disparu avec la superstitieuse antiquité, elles ne sont même pas très rares ; mais leur couleur sanguine n’est plus qu’un phénomène dû, tout simplement, à une matière colorante que le nuage tenait en suspension. Ces pluies extraordinaires n’affectent pas toujours la couleur rouge, quelquefois même ce n’est qu’une chute de poussière sans eau. Mais quelle est la cause qui peut placer ces substances, souvent métalliques, au sein de l’atmosphère ?

  1. Lucrèce, liv. I, v.