Page:Ramuz - Aline, 1905.djvu/124

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mort : elle ne pensait pas à la vérité qui est la cruauté des hommes qui sont les plus forts.

Quand onze heures furent là, les jambes lui démangèrent d’attendre ; elle sortit sur la route. La route s’en va d’abord tout droit, puis elle se courbe vers la maison d’école ; de l’autre côté, elle descend dans le pays, sous les pommiers. Les jardins se tenaient derrière leurs barrières. Il n’y avait personne.

Elle partit vers le village. Elle pensait au soir où elle avait porté la lettre ; c’était autrefois, le temps qui n’est plus. Comme la vie tourne ! Elle a un visage qui rit et un visage qui pleure ; elle tourne et on la voit rire ; après, on la voit pleurer.

Une fois qu’elle fut devant chez Julien, Aline s’arrêta. La maison, lourde et carrée, montrait ses volets fermés. Elle semblait dire : « Va-t’en ! » comme quel-