Page:Ramuz - Aline, 1905.djvu/138

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clarté vaciller et s’éteindre parmi le vent à sa fenêtre, car elle ne dormait pas.

Son chagrin l’empêchait de dormir. Elle cherchait, le long des heures dans sa tête, reprenant les jours un à un, comme un collier qu’on égrène avec toutes ses fautes pour s’en charger. Car elle n’accusait pas Julien, c’était elle qu’elle accusait. Un jour, elle avait un peu boudé, les garçons n’aiment pas qu’on boude. « Julien se sera fâché, mais il n’a rien dit, parce qu’il ne dit rien. » « Et puis, le soir de la danse, qu’est-ce qu’il a eu de ne plus vouloir ? C’était bien joli, j’ai fait pourtant tout ce qu’il a voulu. Ah ! mon Dieu, c’est bien difficile. »

Elle pensait : « On ne sait pas ; il était bien bon, oui, il était bien bon. Il m’a donné des boucles d’oreilles. On s’est fait des petits cadeaux. Le jour qu’il m’a ap-