Page:Ramuz - Aline, 1905.djvu/161

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bête et les buissons pareils à des pelotes de fil de fer. Elle marchait, le haut du corps en arrière, car son ventre devenait lourd. On voyait qu’elle était bien maigre. Quand il faisait sec, elle s’asseyait sous un arbre pour se reposer un petit moment. Elle aurait voulu pleurer, mais elle ne pouvait plus pleurer. Puis elle s’en revenait. Et sa mère lui disait :

— Qu’as-tu encore à courir ? quand on est comme tu es.

Et elle ne répondait pas, n’ayant plus le droit de rien dire. Elle n’avait plus que le droit de faire ce qu’on lui disait de faire. Et voici ce qu’elle aurait aimé faire, c’était d’aller vers sa mère et de lui demander pardon, de se mettre par terre devant elle et de poser sa tête sur ses genoux, pour que tout fût oublié, mais Henriette restait fermée et sombre ; et Aline n’osait pas. Et