Page:Ramuz - Aline, 1905.djvu/164

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l’avait abandonnée à cause de son péché.

Puis, à minuit, la nuit de l’an, elle pensa : « Qu’est-ce qui va venir » ? Qu’est-ce qui peut venir, quand le malheur est là ? Deux ou trois mois qui passent et le petit enfant ; et les saisons qui tournent comme une ronde sous les arbres. L’année s’ouvrit devant elle : c’était une longue route nue et droite où il faut marcher. On ne voit rien, loin devant soi, rien que la route. Elle fermait les yeux. Est-ce qu’on peut arrêter le temps qui passe ? Ce n’est pas même de l’air qui passe qu’on sent passer ; on ne sent pas le temps et on ne le voit pas, mais il passe quand même. Et le petit bougeait en elle. Elle se disait : « Les choses viennent, on ne peut pas les empêcher. »

Le froid dura longtemps, car l’hiver était rude. Puis le ciel, comme une bouche