Page:Ramuz - Aline, 1905.djvu/180

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commençait à vagir. Il avait un petit cri si faible qu’il fallait s’approcher pour l’entendre et son visage se gonflait et il entr’ouvrait ses gencives nues.

La sage-femme venait chaque jour, apportant les nouvelles :

— Vous savez, disait-elle à Henriette, on ne parle plus que de votre fille. Il faut voir ça, c’est comme un bâton dans une fourmilière. Et ce qu’on raconte ! que le bébé a une tache de vin comme la main sur la figure, parce que le père avait bu ; et puis tout le reste ; ils ont la langue mauvaise.

— Ah ! disait Henriette, laissez-les causer.

Peu à peu cependant Aline reprit des forces. Elle put se tenir debout, puis marcher. D’abord elle marchait en branlant ; elle sentait le poids de sa tête comme une lourde pierre qui la faisait pencher