Page:Ramuz - Aline, 1905.djvu/219

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tait en touffes noires des fentes du mur. On marcha plus lentement. Une fois, les porteurs s’arrêtèrent pour s’essuyer le front. Puis on repartit. Le cimetière était sur la colline. De grands arbres en marquaient l’entrée. On approchait, les porteurs reprirent courage. La grille rouillée grinça. Le cercueil entra le premier, les deux parents suivirent ; et on vit dans un coin l’herbe haute, la fosse ouverte et le fossoyeur à côté, avec sa pelle.

Henriette toutefois n’avait pas cessé de crier. Tout ce qu’on pouvait faire ne servait à rien, les femmes disaient :

— Il faut l’attacher, on ne peut pas la laisser ainsi.

Les autres répondaient :

— Seulement, si on l’attache, elle deviendra enragée. Il vaut mieux que ça passe tout seul.