Page:Ramuz - Aline, 1905.djvu/226

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quand il fait du vent. Il y a aussi des tombes oubliées, pleines de mousse et de pervenches. Les fauvettes, les mésanges qui sont farouches et les chardonnerets qui sont verts et gris, avec un petit peu de rouge, nichent dans les branches. Et les marguerites, l’esparcette, la sauge, le trèfle, fleurs des champs, semées là par les brises, s’ouvrent parmi les hautes graminées.

Henriette venait, portant, selon les jours, des boutures ou des graines, une bêche ou un plantoir. Aline avait toujours des fleurs. Sa petite tombe était comme un jardin. On ne voyait pas la terre, tellement les fleurs étaient serrées. Et, dès qu’une était fanée, Henriette la remplaçait. Il y avait des géraniums écarlates, des pensées douces comme un petit visage, des ne m’oubliez pas et des violettes ; et les