Page:Ramuz - Aline, 1905.djvu/229

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les taupes avaient fait leurs trous, les grenouilles sautaient sous les feuilles.

Et les hommes, revenant des champs, disaient :

— Quelle saleté que ce jardin !

— Ça pousse vite la mauvaise herbe.

Et un troisième :

— Et puis dire que tout ça, c’est de la terre perdue. Si seulement on vous la donnait !

Henriette buvait son café. Elle mangeait son pain. Et elle vivait. C’est le sang qui va quand même, monte au cœur et en redescend, quand le reste est presque mort. On reste sur soi-même et on se regarde et on se voit, comme dans l’eau noire un buisson qui a brûlé ; et après on s’en retourne en arrière, parce qu’en avant tout est fermé. Henriette entrait dans la chambre d’Aline. Le lit et le fauteuil y étaient à la