Page:Ramuz - Aline, 1905.djvu/33

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Enfin le soleil descendit en vacillant vers la montagne et il s’aplatit dessus comme une boule de cire qui fond. Des charrettes roulaient sur la route. L’heure était venue. Elle avait dit : « Pour sûr. »

Elle se sauva à travers les prés jusque vers les Ouges. C’était un endroit humide avec un ruisseau qui coulait au milieu, creusé dans la terre noire ; et il y avait un bois à côté.

Elle arriva la première, mais Julien ne tarda pas. Il avait passé, pour se faire beau, sa veste du dimanche par-dessus sa chemise. Ils s’assirent à la lisière du bois. Une cendre rose tombait du haut de l’air ; les oiseaux, sur leurs têtes, regagnaient leurs nids en battant de l’aile ; un chien aboyait au loin ; quelquefois, un bruit de voix parvenait jusqu’à eux.