Page:Ramuz - Aline, 1905.djvu/40

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Le soleil s’éleva d’un bond sur la forêt. C’était un nouveau jour de la vie. L’eau sur le fourneau se mit à bouillir. Quand le café fut prêt, les femmes s’assirent à table. Et Aline eut un peu honte, n’étant plus comme d’ordinaire, à présent ; pourtant, elle mangeait et buvait ; et même, à la fin, elle dit :

— Maman, comment est-ce qu’on se fait des trous dans les oreilles ?

Henriette fut bien étonnée.

— Pour quoi faire ?

— Comme ça.

— Est-ce que je sais, moi ? c’est bon pour les dames.

Aline se tut. Mais, quand elle fut seule, elle alla devant son miroir et, prenant une aiguille, se piqua dans l’oreille. Elle se mordit les lèvres pour ne pas crier, tellement elle eut mal, et une petite perle de