Page:Ramuz - Aline, 1905.djvu/92

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— C’est que tu sais, j’ai été grondée.

Elle raconta tout ce qui s’était passé pendant la journée, vidant son cœur comme on vide un sac, parce qu’il lui semblait que tout ce qui était à l’un était à l’autre et qu’ils n’avaient plus qu’une vie.

— Et puis, disait-elle, pendant que je dînais, j’ai pensé que tu dînais aussi, pendant que je mangeais mon pain, j’ai pensé que toi aussi tu mangeais ton pain et j’ai eu bien du plaisir. Est-ce que tu penses à moi quand je pense à toi ?

Il répondit :

— Bien sûr !

Chaque soir, ils se retrouvèrent. Ils suivaient le sentier jusqu’à l’endroit qu’ils s’étaient choisi. C’était un endroit solitaire ; une haie bordait le talus du côté du chemin ; de l’autre côté, les champs se relevaient ; au fond, coulait une rigole ; un