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HISTOIRE DU SOLDAT


Mais voilà que Joseph s’accroche des deux mains
au rebord en cuir des coussins ;

« attention ! tiens-toi ! tiens-toi bien !
c’est que mes chevaux vont bon train ; »

il voudrait se lever, il voudrait sauter, pas moyen ;

la calèche est montée en l’air,
elle prend le ciel en travers,
« es-tu content ? es-tu toujours content ? »

elle glisse en l’air au-dessus des champs,
combien de temps ? il n’y a plus de temps…

Musique. Airs de marche, comme au début de la première lecture.

Entre Denges et Denezy,
un soldat qui rentre au pays.

A marché, a beaucoup marché,

se réjouit d’être arrivé,
parce qu’il a beaucoup marché…

Fin des airs de marche.

Bravo ! ça y est ! on est chez nous ; bonjour, Madame Chappuis !
elle est dans son plantage, bonjour, comment ça va-t-il ?
elle n’entend pas, mais voilà Louis, eh ! Louis !

il passe dans le pré sur son char à échelles, c’est Louis, c’est un vieil ami,


hein, quoi ? qu’est-ce qu’il y a ? lui non plus qui ne répond pas ?
eh ! Louis, tu ne me reconnais pas, ou quoi ?