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HISTOIRE DU SOLDAT

et on a battu le tambour à cause de la fille du roi
(le roi de ce royaume-là),
qui est malade, ne dort pas,
ne mange pas, ne parle pas,
et, le roi, il fait dire au son du tambour, comme ça :

qu’il donnera la fille au roi
(le roi de ce royaume-là),
à celui qui la guérira…

Juste à ce moment entre un homme qui dit à Joseph : « Salut, toi !

(quand même on ne se connaît pas,
mais c’est que moi aussi j’ai été soldat).

Et c’est pourquoi je t’appelle collègue, et quand je t’ai vu entrer,
je me suis dit : allons lui parler.

Il n’a pas l’air tant content, je me suis dit, alors essayons.
C’est peut-être pour lui une bonne occasion.

La fille au roi,
c’est fait pour toi.

Parce que, moi, vois-tu, moi je suis déjà marié,
et, toi, tu as ta liberté.

Médecin, quoi ? c’est ce qu’on veut, tu ne risques rien,
tu viens, tu dis : je suis soldat-médecin ;
même si tu ne réussis pas, ça vaut le coup… »

Coup de poing du lecteur sur la table.

Pourquoi pas ?

Nouveau coup de poing.

Pourquoi pas, après tout.