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HISTOIRE DU SOLDAT

LE DIABLE, tournant autour de la table.

Tu as eu tort de te fâcher,
tu étais riche, considéré…
Un coup de tête, rien de plus ;
mon pauvre ami, tu es perdu.

Nouveau silence. Le soldat ne bouge toujours pas.

Sept de cœur, dix de cœur, reine de cœur,
on se disait : c’est le bonheur !
On y croyait quand même, ou bien ?…

Montrant le violon.

Seulement c’est moi qui l’ai, le moyen.

LE DIABLE, parallèlement aux répliques ci-contre, et avec des temps entre chaque phrase qu’il remplit en faisant des jongleries sur son violon.

Moyen unique ! remède unique !
 

Jeu du diable.


Musique, musique, musique !

 

LECTURE, sourdement.
C’est vrai, ce qu’il dit, il me tient ;

et c’est lui qui l’a, le moyen ;

moi, je n’ai rien, je n’ai plus rien.

Arrêt brusque. Puis le lecteur s’adresse tout à coup au soldat.