Page:Ramuz - Joie dans le ciel.djvu/15

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je me mettais tout à côté de toi, je ne te quittais plus, c’est toi qui me quittais. Chaque jour, et j’avais beau faire ; chaque jour un peu plus et j’avais beau dire et beau faire, j’avais beau supplier, j’avais beau te tenir serrée, je n’ai pas été écoutée ; tu es partie, tu m’as laissée…

Elle a secoué la tête : « Quand même ! quand même !… »

Et comment est-ce qu’on y tenait ?

Ah ! malheur et misère de nous, en ce temps-là, qu’il fallait cependant qu’on s’attachât et on ne pouvait pas faire autrement, ayant un corps, ayant un cœur construits en vue de ça, exprès pour ça, rien que pour ça.

Construits uniquement en vue de ça, comme est le lierre, avec les mille petites mains et griffes du lierre, et rien que des mains ; mais, nous aussi, c’était notre besoin, n’ayant pourtant non plus