Page:Ramuz - Joie dans le ciel.djvu/170

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à vin, rempli jusqu’à la moitié d’un liquide qui ressemblait à de l’eau, mais qui y ressemblait seulement : la plupart refusaient, la plupart secouaient la tête ; — mais voilà que, soudain, chez ceux qui acceptaient, l’ancien effet, celui de l’autre vie, recommençait à se faire sentir ; de nouveau le liquide agissait, une chaleur leur descendait le long du tube dans l’estomac, s’arrondissait, leur gagnait tout le corps, leur éclatait dans la tête.

Ils se mettaient à parler tous à la fois ; brusquement, ils se taisaient comme si quelqu’un eût levé la main pour les faire taire, mais personne n’avait levé la main. Ils parlaient de nouveau, ils se taisaient, ils se regardaient, ils baissaient les yeux. Et l’alambic, depuis quelques heures, donnait beaucoup moins, les gouttes moins grosses, plus espacées, comme si l’esprit eût diminué.