Page:Ramuz - Joie dans le ciel.djvu/91

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saute dessus, je l’empoigne des deux mains par le cou ; et on était deux frères sous la lune. J’ai vu qu’il ouvrait la bouche, parce que l’air n’entrait plus. Il faisait un mouvement comme pour mâcher et tâcher d’attraper quelque chose qui était trop loin. Vous savez, comme quand la chèvre est attachée à son piquet et elle tend le cou vers l’herbe. À ce moment, j’ai eu peur… Juste au bon tout dernier moment, et heureusement pour moi, m’étant levé, et puis qui me sauvais à présent droit devant moi, de toutes mes forces ; — mais depuis lors jamais plus, mon frère et moi, on ne s’est parlé. Et il est mort. Et où est-il ? Et comment est-ce qu’on était fait, dites ?… »

Maintenant la nuit était venue tout à fait. Pierre Chemin avait remis sa pipe dans sa poche ; Adèle Genoud