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Page:Ramuz - La beauté sur la terre, 1927.djvu/164

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— Mais si c’est vous qui voulez vous en aller…

Puis, de nouveau :

— Il est prêt à servir, il est chargé à chevrotines ; ce n’est pas de trop avec ces sauvages…

Et, revenant à sa première idée :

— On aurait tant voulu que vous soyez contente ; on aurait tant voulu… Dites, Mademoiselle Juliette, Juliette… Oui, Décosterd et moi, tous les deux. Et est-ce qu’on n’a pas fait ce qu’on a pu ? Dites, est-ce qu’il vous manque quelque chose ?

Elle secoua la tête ; très lentement et par deux fois, elle a secoué la tête :

— Alors ?

Il s’est arrêté devant elle. Il était allé et venu un moment dans le rose, puis il lui a fait face ; il se penche un peu vers elle :

— Alors ?

Il change de voix :

— Quand tout s’arrangerait si bien pourtant, si vous vouliez. Tout s’arrangerait si facilement, malgré Milliquet ; lui, je m’en charge…

Elle secoue de nouveau la tête.

— Vous savez bien qu’ils vous guettent, ils sont deux ou trois à vous guetter. C’est comme ça que c’est fait, les hommes. Oh ! dit-il, ça ne vaut pas cher, c’est méchant, c’est jaloux, c’est envieux. Et puis c’est plein de gourmandise… Ce Savoyard…