Page:Ramuz - La beauté sur la terre, 1927.djvu/216

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la pente. Il rentrait chez lui. Il prend dans sa poche la clé de la porte d’entrée, il ouvre la porte.

Dimanche, un beau dimanche d’août, le deuxième dimanche d’août ; la vie du dimanche allait son petit train tranquille, avec de temps en temps un apport de monde et d’inattendu. Et alors, là-haut, ces voix durent, voix de femmes, voix d’enfants, voix d’hommes, dans une grande tranquillité ; néanmoins, Bolomey rentre chez lui et, quand il reparaît, on voit qu’il a son fusil sur l’épaule. Nous, on est bien avec le garde-pêche qui a aussi la compétence d’un garde-chasse, et on peut sortir avec son fusil quatre ou cinq semaines avant l’ouverture, sans avoir d’histoires ; d’ailleurs, on lui dira de quoi il s’agit. On lui dira : « Toi, tu as ton révolver… C’est toujours ce Savoyard. Va voir, si tu veux du côté de la gravière : moi, je vais du côté de chez Rouge… Au revoir. » Bolomey, le fusil sur l’épaule, monte dans la mousse et la terre noire. Il prend dans la direction de la falaise sous les sapins. Il grimpe à la pente, ayant évité les lieux fréquentés ; gagne sous les sapins, puis dans la broussaille, les lieux dominants d’où on voit de nouveau la maison de Rouge et les trois couleurs de son toit. Là, l’eau vient à votre rencontre par les battements qu’elle fait le long des troncs et ses feux blancs au-dessus de vous dans les branches, comme quand on lève le pic, on l’abat, on lève le pic et on l’abat. On aimerait à voir un peu ce qui se passe du côté de chez Rouge et pas de meilleure place qu’ici, comme le petit Maurice savait bien, quand il venait de même et se cou-