Page:Ramuz - La beauté sur la terre, 1927.djvu/266

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qu’elle aura son costume ? Ah ! quelle fête ça va faire ! Et entendu pour les mortiers. Voilà longtemps qu’on ne s’en servait plus. C’est une occasion toute trouvée… Entendu, on les cachera dans les buissons et c’est toi qui donnes le signal. » Ils étaient tombés d’accord très vite sur tous les points et on leur avait expliqué qu’on avait trouvé un moyen pour que Rouge fût forcé de la laisser venir et Décosterd s’en occupait… Tout avait été combiné avec le plus grand soin par eux trois, Alexis, Bolomey et Maurice ; maintenant ils étaient à leur poste, pendant que la fête allait son train. On s’y inquiétait peu de l’orage, puisque aussi bien le pont de danse était couvert. Seules les femmes venues avec des enfants, les mères de famille, quelques vieilles, avaient jugé prudent de prendre le chemin du retour. Et pendant ce temps, Bolomey, de la falaise, avait vu Décosterd appeler Rouge, puis que Rouge venait, puis qu’ils étaient montés ensemble dans le second des deux bateaux, l’autre en ce moment même ayant été pris de flanc par les vagues en avant de l’embouchure de la Bourdonnette. Pendant que les femmes sur la route poussaient leurs petites voitures ou donnaient la main à ceux des enfants qui étaient en âge de marcher, Bolomey dégringole la pente du ravin, pour aller rejoindre Maurice sous la gravière. Et Maurice guettait des yeux la place où, entre deux buissons, le chemin débouche du ravin. Tandis que Bolomey venait, puis Bolomey rejoint Maurice, puis à eux deux ils rejoignent Alexis.