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V


C’est ici, sur ce bord de lac, une région assez plate (et les régions plates sont rares chez nous).

Ici, le mont s’éloigne sensiblement du bord de l’eau, qu’il serre ailleurs étroitement ; c’est un bout de rivage assez plat quoique accidenté, qui a bien un ou deux kilomètres de largeur.

Entre la ligne du chemin de fer et l’eau, il y a un assez drôle de mélange d’emplacements restés sauvages et de cultures (chose rare dans nos pays) ; c’est mi-paysan, mi-vigneron, avec peu de gros trains, comme on dit, pas beaucoup de fermes importantes et même pas beaucoup de maisons importantes, car elles sont ici généralement plus petites que dans le reste du pays, mais le terrain y est assez pauvre. Et un peu plus loin alors, du côté du levant, il devient tout à fait inculte ; là, on se trouvait d’abord sur une plage de sable fin avec un bois de pins venant mourir tout contre l’eau ; à côté de l’eau brillante, il semblait un morceau de nuit par son feuillage. On longeait