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DANS LA MONTAGNE

frait aux yeux dans toute son étendue. Tout de suite, Pont et le garde avaient pu voir et être vus, et ils avaient pu voir qu’ils étaient attendus ; — car il y avait trois hommes devant le chalet, puis deux autres, qui étaient le maître et son neveu, sont sortis du chalet ; et, en signe de plaisir, le maître a levé le bras, tout en étant déjà parti pour aller à la rencontre de Pont.

Seulement, là s’est marqué le changement qui était survenu, là se marque la séparation qui était maintenant entre ceux de là-haut et nous, car premièrement Pont s’arrête ; Pont s’est arrêté net, il fait un geste. Il a porté sa main en avant pour dire : « Reste où tu es, » au maître, et aux autres : « Restez où vous êtes, sans quoi je m’en vais ; » un simple geste qu’il fait, et le maître a dû comprendre.

En effet, il ne bouge plus.

Alors Pont repart ; le maître ne bouge toujours pas, ni les autres. Pont s’avance de nouveau, ceux qui sont devant le chalet le regardent venir sans faire un mouvement.

Ainsi ils ont vu Pont venir un peu, puis Pont s’est assis. Arrivé à une petite distance du chalet, Pont s’assied ; il ôte ses souliers.