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DANS LA MONTAGNE

que la lanterne creusait, que la lanterne perçait devant vous à mesure qu’on avançait ; puis la lanterne l’ôtait de devant vous, alors tout le noir vous croulait dessus. On était pris dedans, on l’avait qui vous pesait sur les épaules, on l’avait sur la tête, sur les cuisses, autour des mains, le long des bras, empêchant vos mouvements, vous entrant dans la bouche ; et on le mâchait, on le crachait, on le mâchait encore, on le recrachait, comme la terre de la forêt. On se débattait ainsi un moment, comme quand on a été enterré vif, puis la lumière de la lanterne vous ressuscitait à nouveau ; — pendant qu’ils allaient, les cinq hommes allaient, et de temps en temps une pierre qu’ils faisaient rouler descendait la pente qu’ils montaient eux-mêmes, mêlant son bruit au bruit de leurs souliers. Plusieurs fumaient ; mais, dans une nuit pareille, on a beau fumer, c’est comme si on ne fumait pas.

On a beau tirer tant qu’on veut sur le tuyau de sa pipe et amener à soi toute la quantité de fumée qu’on veut : faute d’être vue, elle est comme si elle n’existait pas. Ils avaient donc laissé peu à peu leurs pipes s’éteindre et ils les avaient fourrées dans