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LA GRANDE PEUR

Oh ! ils ne demandaient pourtant pas grand’chose à ces lieux, ceux qui venaient ici, et ils ne les gênaient pas beaucoup. Ils étaient modestes en tout, ils se contentaient de peu. On ne remarquait qu’en s’y appliquant le toit qu’ils avaient mis au-dessus de leur tête, l’ayant emprunté tout entier à la roche avec laquelle il se confondait. Ils ne venaient ici que deux mois, ils venaient seulement ici deux mois sur douze, faisant en sorte d’être à peine vus, et même leur maison était à peine vue ; — ce qu’on a vu un peu mieux, c’est ce qui était paru devant la porte, pendant que Barthélemy regardait toujours.

Barthélemy tout à coup avait vu Clou sortir du chalet, — c’est pourtant une bien modeste et pauvre chose ; — et, là, Clou levait le bras tout en appelant :

— Eh ! là-bas !…

C’est au maître qu’il s’adressait.

Barthélemy serre un peu plus le papier dans sa main. Il serrait dans sa main le papier, c’est pourquoi il a pu venir, tandis qu’on entendait Clou qui disait au maître :

— Où avez-vous mis le pain, hein ? et la viande séchée ?

Mais le maître continuait à ne pas enten-